Avec les interdictions à la location programmées par la loi Climat et résilience, le phénomène était pressenti. Mais peut-être pas de façon aussi rapide, peut-être pas avec une telle ampleur. SeLoger observe une forte augmentation des ventes de logements étiquetés G, F, voire E, et alerte sur un risque de « fortes tensions » sur le marché locatif.
Comme si les propriétaires s’empressaient de se délester de leurs passoires énergétiques avant d’être frappés par une interdiction de location (2025 pour l’étiquette G, 2028 pour l’étiquette F, on le rappelle). Bien plus qu’un ressenti, c’est déjà un fait. La preuve par les chiffres. Dans les grandes métropoles, SeLoger note une très nette inflation des ventes de logements énergivores en l’espace d’un an: +70% à Nantes, +41% à Lille, +43% à Lyon, +27% à Angers, + 72% à Paris, +74% à Rennes… « Dans plus de la moitié des 40 villes dont nous avons étudié les DPE, le nombre de passoires énergétiques mises sur le marché progresse fortement« , note SeLoger qui relève souvent des augmentations à deux chiffres. Moins de trois mois après la parution de la loi Climat et résilience, l’ampleur du phénomène apparaît déjà surprenante. D’autant plus que SeLoger remarque que « dans près d’un tiers des villes passées au crible, ce phénomène s’accélère« .
Plusieurs explications sont avancées: le coût des travaux souvent estimé à plusieurs dizaines de milliers d’euros pour sortir un logement de la zone rouge, les tracas soulevés par des travaux de rénovation, la difficulté d’accès au crédit pour certaines populations comme les seniors propriétaires, la crainte aussi qu’à l’approche des grandes échéances de 2025 et 2028, les entreprises du bâtiment ne soient débordées… Du coup, nombre de propriétaires semblent aujourd’hui se défaire de leur passoires énergétiques, quitte à abaisser le prix de la vente. Mieux vaut se couper une main aujourd’hui, qu’un bras demain.