Vendez, vendez, mieux vaut se couper une main aujourd’hui qu’un bras demain. Une nouvelle étude, cette fois produite par SeLoger – Meilleurs Agents, laisse entrevoir une accélération des ventes de passoires énergétiques. Peut-être par crainte des obligations de rénovation qui se profilent à l’horizon…
Les deux portails ont épluché les annonces sur leurs sites. Verdict sans appel, les chiffres montrent une hausse de mises en vente de passoires thermiques sur le marché de la transaction immobilière : +8% d’appartements, +7,4% pour les maisons énergivores mis en vente en 2021. Ce n’est pas la première fois que SeLoger se fait l’écho d’un tel phénomène. A l’automne dernier, le portail immobilier évoquait déjà une très nette inflation des mises en vente de logements classés F et G dans les grandes métropoles françaises: +70% à Nantes, +41% à Lille, +43% à Lyon, + 72% à Paris…
Comme si les propriétaires se débarrassaient de leurs passoires énergétiques avant que les interdictions à la location ne tombent, en 2025 pour l’étiquette G, en 2028 pour l’étiquette F. L’explication est tentante, mais attention à ne pas aller trop vite en besogne. Car le nouveau DPE entré en service au 1er juillet 2021 a aussi sa part de responsabilité, avec davantage de classes F et G que les versions précédentes. Difficile donc de savoir si cette inflation de passoires énergétiques dans les petites annonces est le résultat d’un mouvement des propriétaires qui s’empressent de se défaire de leur bien ou d’un effet purement mécanique liée à l’avènement du nouveau DPE.
L’étiquette gagne en influence
Plus de logements énergivores à vendre, mais aussi des passoires dévaluées. Jusqu’à présent, les études sur la valeur verte, notamment produites par les Notaires de France, montraient une influence mesurée de l’étiquette énergétique. C’était dans le monde d’avant, semble-t-il. Depuis un an, la pression réglementaire s’est accentuée sur les passoires, et l’étude de SeLoger/Meilleurs Agents relève « jusqu’à -17% de moins-value » pour les passoires thermiques.
« Pour tous biens confondus, notre étude montre qu’à caractéristiques équivalentes (ancienneté, superficie…), un bien cancre en DPE voit son prix de vente minoré de 6,7% par rapport à celui d’un bon élève (C, D ou E) », explique Barbara Castillo Rico, responsable des études économiques chez Meilleurs Agents et SeLoger. Et plus on gagne en performance énergétique, plus la décote sera importante. « Un appartement classé F ou G au DPE se vendra, en moyenne, 13% moins cher que s’il est étiqueté A ou B. Quant à la décote que subit une maison énergivore, elle atteint jusqu’à -17%. »
Qui dit mauvaise performance énergétique, dit aussi travaux. Barbara Castillo Rico évoque ainsi un « levier de négociation » constitué par « la perspective pour l’acquéreur d’un logement énergivore de devoir réaliser des travaux de rénovation énergétique s’il envisage de le louer ».
Paris où les passoires énergétiques sont plus nombreuses qu’ailleurs, échappe toutefois à la règle. « La valeur verte (…) semble ne pas avoir cours sur les marchés immobiliers tendus. En effet, la concurrence entre les acquéreurs tend à gommer les défauts thermiques des biens proposés à la vente, relèvent les auteurs de l’étude SeLoger/Meilleurs Agents. L’exemple le plus extrême étant Paris où les biens classés F ou G coûtent, en moyenne, +1,1% plus cher que les autres. »