On dispose désormais des statistiques du nouveau DPE. L’Ademe et son observatoire chargé d’ingurgiter tous les diagnostics produits chaque jour en France, ont rendu publiques leurs statistiques. Un peu plus d’un an après le lancement de la nouvelle formule du DPE, la base de données compte déjà plus de 2,5 millions de DPE; un échantillon qui renseigne sur le parc hexagonal.
Des passoires énergétiques plus nombreuses
Avec la nouvelle méthode du DPE, les passoires énergétiques sont désormais plus nombreuses que le législateur ne l’avait escompté lorsqu’il a adopté la loi Climat et résilience en 2021. Les étiquettes F et G représentent 18% du parc de logements; 17% une fois l’échantillon redressé selon le ministère de la Transition écologique. Si on ajoute l’étiquette E également dans le collimateur des politiques de rénovation énergétique, quatre logements sur dix ne pourront plus être loués d’ici à 2034.
Des enjeux très différents selon les territoires
Cette moyenne à l’échelle nationale masque cependant de grosses disparités régionales. En Normandie ou en Bourgogne-Franche Comté, pratiquement un logement sur quatre (23%) est une passoire énergétique quand en Occitanie on recense (seulement) 11% de logements classés F et G. Alors que les interdictions de location se profilent pour les logements énergivores, d’une région à l’autre, les enjeux de rénovation ne sont plus du tout les mêmes tout comme leur impact sur le marché immobilier. Paris en est l’exemple type, avec un tiers du parc classé F ou G.
L’isolation thermique souvent à revoir
Ça pêche encore du côté de l’isolation thermique. Selon les données exploitées par l’Ademe, près de la moitié des DPE révèle une qualité de l’enveloppe insuffisante (47%). Cette mauvaise isolation thermique se lit aussi au travers du confort d’été, indicateur désormais calculé avec la nouvelle formule du DPE: on parle ici de la capacité d’un bâtiment à résister aux épisodes de fortes chaleurs. Le confort d’été apparaît ainsi “insuffisant” pour 31% des logements et “moyen” pour 41%.
Le chauffage, premier poste de dépenses (et de loin)
Le nouveau DPE entré en vigueur en 2021 mesure cinq usages du bâtiment: la production d’eau chaude, le chauffage, l’éclairage, le refroidissement, et les auxiliaires tels que la ventilation. Personne ne sera surpris, c’est le chauffage qui pèse le plus sur la facture du consommateur : 60% des coûts, 86% si on y ajoute la production d’eau chaude et sanitaire. L’éclairage représente seulement 5% de la facture énergétique.
La ventilation, première source de déperditions
On croit souvent que les déperditions se font par la toiture. Oui, en théorie, lorsque le bien n’est pas isolé. Il faut croire qu’une majorité du parc a déjà isolé sa toiture ou ses combles, car le premier poste de déperditions est désormais la ventilation devant les murs et les menuiseries. Selon les données accumulées par les DPE, quatre logements sur dix ne disposent toujours d’une VMC et utilisent une ventilation naturelle ou par ouverture de fenêtres.
Fuel et charbon sur la sellette
Haro sur les énergies fossiles. L’énergie de chauffage joue pour beaucoup dans le classement du bien. 53% des logements chauffés au fioul se retrouvent en F ou G. 80% si on ajoute l’étiquette E. Pour les logements qui utilisent encore le charbon, 77% sont classés en G et 15% en F ! Pas de mystère, le fuel et le charbon sont pénalisés dans la méthode de calcul du DPE; une façon d’inciter les propriétaires à changer leur mode de chauffage et à opter pour une énergie moins polluante.
Des émission de gaz à effet de serre souvent bonnes
Avec le nouveau DPE, l’étiquette est désormais double, considérant à la fois les consommations énergétiques et les émission de gaz à effet de serre (GES). Bonne surprise, si le logement n’est pas forcément vertueux en matière de consommations énergétiques, c’est beaucoup mieux en revanche pour les émission de gaz à effet de serre. En fait, 69% des logements se trouvent dans le vert, étiquetés A, B ou C avec des émissions moyennes de l’ordre de 25 kgeqCO2/m²/an. Là aussi l’énergie de chauffage se révèle très pénalisante, puisque 52% des logements chauffés au fuel se retrouvent en F ou G du point de vue des émissions de GES.